La 15ᵉ édition de la Bourse Laure-Waridel est remise à Évelyne Corriveau, doctorante en criminologie à l’Université Laval, pour son projet Créer du lien — une exposition itinérante inspirée du vécu de citoyen·ne·s de Rouyn-Noranda touché·e·s par la pollution industrielle de la fonderie Horne (Glencore). Ce projet s’attache à rendre visibles les dimensions sociales, psychologiques et collectives de la violence environnementale.

Laure Waridel et l’esprit du prix

Co-fondatrice d’Équiterre, écosociologue et autrice, Laure Waridel a contribué depuis plus de 25 ans à faire évoluer le Québec en mettant la justice sociale au cœur de l’écologie.

La bourse qui porte son nom, créée en 2008, vise à soutenir des projets de recherche appliquée et transférable sur le terrain, portés par des étudiant·e·s, des chercheur·euse·s ou des militant(e)s, et ayant un impact direct sur les communautés.

Cette bourse met de l’avant la conviction partagée par Équiterre et sa co-fondatrice : la transition écologique doit être démocratique, engagée et ancrée dans la réalité des populations concernées.

Une exposition enracinée dans le quotidien des citoyen·ne·s

Dans le cadre de sa maîtrise, Évelyne Corriveau a recueilli les témoignages de citoyen·ne·s vivant à proximité de la fonderie Horne. Bien au-delà des données médicales — comme la présence d’arsenic dans les ongles ou les risques accrus de maladies — ses participant·e·s ont parlé de stress, de culpabilité, de tensions sociales et de pression à quitter leur quartier. Certaines personnes ont même associé leur vécu à d’autres formes de violence.

 

Quand t’apprends que finalement, c’était si pire que ça, puis que ça fait des années

qu’ils nous font respirer ça, puis que j’ai pas le droit à la même qualité de vie que les

autres gens partout au Québec, puis que le gouvernement accepte ça, ça vient un

peu te briser, te désillusionner un peu. […] Je me sens un peu comme un·e

citoyen·ne de seconde zone.
– Extrait d’entrevue avec un·e participant·e.

 

L’exposition Créer du lien présentera ces récits à travers une démarche artistique et participative, dans des lieux accessibles (musées, bibliothèques, centres communautaires) et sera accompagnée d’ateliers de discussion pour sensibiliser, susciter l’empathie, et favoriser la mobilisation citoyenne.

Une remise placée sous le signe de la recherche engagée

La remise de la bourse a eu lieu le 19 novembre 2025 lors d’un 5 à 7 à la Caisse d’économie solidaire, partenaire historique du prix. La rencontre, sous le thème « L’art de s’engager en recherche — Culture et transformation sociale », a réuni des chercheur·euse·s, des citoyen·ne·s mobilisé·e·s, des représentant·e·s de la Caisse d’économie solidaire et d’Équiterre ainsi que Laure Waridel.

 

L’art devient ici un vecteur puissant de transformation sociale. En donnant forme aux récits des communautés touchées, ce projet crée un espace sensible où la recherche rencontre la créativité pour susciter le dialogue.

— Martin-Pierre Nombré, Directeur développement stratégique, Caisse d’économie solidaire

 

La bourse, d’un montant de 15 000 $, permettra la production et la diffusion de l’exposition dans plusieurs régions du Québec.

Une bourse pour une transition juste

Destinée aux étudiant·e·s universitaires, aux chercheur·euse·s et aux militant·e·s, la bourse Laure-Waridel vise à soutenir la diffusion de recherches appliquées qui favorisent la justice environnementale, l’action citoyenne et la transition écologique.

Elle illustre l’engagement commun d’Équiterre et de la Caisse d’économie solidaire : renforcer les projets qui transforment la société à partir de la réalité des communautés.

Pour consulter l’historique complet de la bourse et des projets lauréats : Voir la liste des lauréat(e)s au fil des années.

 

Comme l’a fait Laure Waridel en rendant visibles les liens entre environnement, justice sociale et économie, Évelyne choisit d’ouvrir un espace où l’on écoute les communautés touchées. Cette bourse soutient cette continuité essentielle : faire de la recherche un outil d’émancipation et de mobilisation.

— Jacques Brullé, Conseiller et adjoint à la direction, Équiterre